Accéder au contenu principal

Deux élus toulousains bafouent la loi de séparation des Eglises et de l' Etat

Ceints de leur écharpe, deux élus de Toulouse invoquent la protection de la Vierge à Lourdes, bafouant de fait la loi de Séparation des Églises et de l’État

            Aux termes de l’article 2 de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État, « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Si le législateur de 1905 a ainsi notamment interdit la reconnaissance d’un culte par un acte juridique, l’esprit des dispositions qu’il a adoptées prohibe en réalité toute forme de manifestation ostensible de soutien à une religion de la part des élus de la République dans l’exercice de leurs fonctions, ce qui naturellement ne leur interdit pas, comme à tout citoyen, de pratiquer en privé le culte de leur choix ni d’exprimer éventuellement leurs préférences religieuses lorsqu’ils sont candidats. Le Président du Conseil Georges Clemenceau avait parfaitement compris le sens de la séparation : même dans les circonstances extraordinaires découlant de la signature de l’armistice du 11 novembre 1918, il avait refusé de se rendre à la messe de Te Deum célébrée en la cathédrale de Paris et avait expliqué publiquement le sens de sa décision.

            Le 15 août 2018, MM. Jean-Michel Lattès et Jean-Baptiste de Scorraille n’ont pas retenu le message de Georges Clemenceau. Respectivement adjoint au maire chargé des transports et conseiller municipal délégué à l’action culturelle de la ville de Toulouse, ils se sont rendus ès qualité à Lourdes pour participer, ceints de leur écharpe tricolore, aux cérémonies mariales organisées par l’Église romaine, au cours desquelles ils ont participé à « une prière pour la France », une expression fleurant bon le pétainisme. Ils ont répandu leur ferveur catholique bien au-delà des limites de la ville de Toulouse et des départements de la Haute-Garonne et des Hautes-Pyrénées en inondant les réseaux sociaux du compte rendu de leur exploit, illustré par leurs photographies les représentant revêtus de leurs attributs municipaux. Les intéressés persistent et signent. M. Jean-Michel Lattès indique qu’il n’était pas « mandaté », explique qu’il est « chrétien » et se félicite, en aparté, de la présence illégale de militaires de la gendarmerie, en tenue d’apparat, lors des messes de célébration de Geneviève, prétendue patronne des pandores depuis 1962 par décision du pape. Il a assumé sa présence à Lourdes en qualité d’élu « pour témoigner de sa foi au travers de [son] mandat politique. » Quant à M. Jean-Baptiste Scorraille, il ne fait pas mystère de son appartenance à l’association cléricale Sens commun qui a combattu âprement la loi autorisant le mariage entre personnes du même sexe.

            Le Maire de Toulouse, M. Jean-Luc Moudenc, les soutient publiquement et affirme qu’il se rendra à Lourdes, en 2019, de manière à dénoncer « un sectarisme anticatholique ». Il entend ainsi faire valoir que « dans le monde et la France de 2018, les inquiétantes atteintes à la laïcité ne concerne plus la religion catholique », « chacun [sachant] que les problèmes sont ailleurs ».

                Après le discours du Président de la République aux Bernardins, devant la Conférence des Évêques de France, certains se sentent pousser des ailes pour contourner cette loi de liberté fondamentale, cette loi de concorde qu’est la loi de Séparation des Églises et de l’État.

Sous couvert de laïcité, l’esprit de reconquête catholique est bien en marche, assorti, le cas échéant, d’accents xénophobes.

La libre pensée met tout en Œuvre pour défendre la loi du 9 décembre 1905, aujourd’hui gravement menacée.

(Communiqué de la Libre pensée 31) 

Posts les plus consultés de ce blog

Libre Pensée – Congrès national – 24/26 août 2009 - N° 11 : À propos des vêtements religieux dans la vie privée

À l’occasion de son congrès national réuni en Savoie du 24 au 26 août 2009, la Fédération nationale de la Libre Pensée tient à rappeler ses positions de principe quant à la laïcité institutionnelle, et au respect des libertés démocratiques fondamentales qui garantissent le respect de la vie privée des citoyennes et citoyens de ce pays. Une campagne médiatique d’importance a débuté à la fin du mois de juin, à partir de l’initiative d’un député du PCF, rejoint par une majorité de députés de droite, pour stigmatiser le port de la burqa et du niqab en dehors de l’École publique, de l’Administration et des autres services publics. Cette démarche a été entendue et amplifiée par le Président de la République dans son discours devant le Congrès à Versailles. Rappelons que Nicolas Sarkozy ne nous avait pas habitués à se parer des vertus de la défense de la laïcité. Bien au contraire, puisqu’il insiste depuis des années sur la « nécessaire place » des religions dans la société et la vie publique

Une atteinte grave à la laïcité à Rodelle

L’inauguration d’un club-house à Saint-Julien de Rodelle, prévue samedi 10 septembre 2016, comporte une cérémonie religieuse avec messe et bénédiction, à laquelle les citoyens sont conviés par plusieurs élus de la République : M. Jean-Michel Lalle, maire de Rodelle ; Mme Carole Delga, présidente de la Région Occitanie / Méditerranée ; M. Jean-Claude Luche, sénateur et président du conseil départemental de l'Aveyron. La Libre pensée de l'Aveyron dénonce avec force une atteinte grave et inacceptable au principe de laïcité tel que définit dans la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat. Un équipement collectif, financé par l’ensemble des contribuables, ne saurait en aucun cas être inauguré conjointement avec l’Eglise catholique. La Libre pensée a demandé au préfet de l'Aveyron et aux élus signataires du carton d'invitation de prendre toutes les mesures nécessaires pour rendre cette inauguration conforme à la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’

Grand meeting national laïque du 5 décembre : discours de Philippe Guglielmi

Philippe Guglielmo est président d’Honneur de Laïcité-Liberté Cher camarade cher amis. Au nom de l’association Laïcité Liberté, je veux remercier pour leur invitation le Président de la Libre Pensée Jean-Sébastien Pierre et mes amis Christian Eyschen et David Gozlan. Je suis heureux de participer à ce meeting de militants laïques ou vous êtes venus très nombreux. Il s’agit sans doute du rassemblement le plus important pour faire la promotion du 110e anniversaire de la loi de 1905. Dans le bonheur de ce jour, j’ai ressenti de la tristesse lorsque le nom de Marc Blondel a été évoqué. Marc avec lequel Christian Eyschen moi-même avons partagé de nombreux combats exerçait un véritable magistère sur son temps. Je veux lui dédier le propos de ce jour, j’espère que je ne l’aurais pas déçu. J’interviendrai sur deux points, sans jeu de mots, je vous dispense du troisième. Je veux vous parler de la collusion des hiérarques religieux, puis des atteintes faites par l’école privée à no