Comme cela se fait à Rodez depuis le 11 novembre 2014, les trois associations que sont l'ANACR (Association Nationales des Anciens Combattants de la Résistance) de l'Aveyron, la Ligue des Droits de l'Homme de l'Aveyron et la Libre pensée de l'Aveyron, ont déposé ce jeudi une gerbe à la mémoire des Fusillés pour l'exemple devant le monument aux morts de Rodez.
Cette cérémonie s'est déroulée après la cérémonie officielle. 103 ans après la fin de la Première Guerre mondiale, cette distinction illustre tout le travail qui reste encore à faire pour obtenir la réhabilitation collective des Fusillés pour l'exemple.
Pourquoi il faut réhabiliter les Fusillés pour l'exemple
La lutte pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de la guerre de 1914-1918 a été menée dès la fin de la guerre de 1914, par les familles, par les associations d’anciens combattants, par la Ligue des Droits de l’Homme, par la Fédération nationale de la Libre pensée auxquels se joint en Aveyron l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance
Dans le contexte d’une guerre marquée par la brutalité extrême des combats, le caractère disproportionné de la peine capitale au regard des motifs de poursuite invoqués par la hiérarchie militaire et les conditions juridiques dans lesquelles les sanctions ont été prononcées ont nourri dans l’opinion cette demande de réhabilitation jusqu’à aujourd’hui
Que les inculpés aient été reconnus coupables au regard du Code de justice militaire de 1857, alors en vigueur, ne saurait en aucun cas démontrer qu’ils n’ont pas été victimes d’un déni de justice.
Le travail de la recherche historique et des associations mémorielles a permis d’établir de façon irréfutable que ces hommes ont bien été victimes d’un déni de justice.
639 dont 6 Aveyronnais
40 fusillés ont été réhabilités entre les deux guerres. Il en reste 639 à réhabiliter, dont six aveyronnais, pour retrouver les voies de la justice et de leur honneur. De plus il faut rappeler que leurs familles ont connu l’opprobre et la honte.
Réparer aujourd’hui l’injustice dont ces hommes furent victimes n’est pas satisfaire une revendication rétrospective et anachronique, mais faire droit à une exigence de dignité et de reconnaissance, née au moment des faits.
Une nouvelle proposition de loi en faveur de la réhabilitation des fusillés pour l’exemple vient d’être déposée à l’Assemblée nationale le 3novembre. Voici un extrait du 1er article :
Article 1er :1)Les militaires en service dans les armées françaises du 2 août 1914 au 11 novembre 1918 ayant été condamnés à mort pour désobéissance militaire ou mutilation volontaire par les Conseils de guerre spéciaux créés par le décret du 6 septembre 1914, ainsi que par les Conseils de guerre rétablis par la loi du 27 avril 1916, et dont la condamnation a été exécutée, font l’objet d’une réhabilitation générale et collective, civique et morale. La Nation reconnait que ces soldats ont été victimes d’une justice expéditive, instrument d’une politique répressive, qui ne respectait pas les droits de la défense et ne prenait pas en compte le contexte de brutalisation extrême auquel les soldats étaient soumis.
2)Les nom et prénom des intéressés sont inscrits sur les monuments aux morts.
3)Un monument national est érigé, en vue de rendre hommage à la mémoire des “Fusillés pour l’exemple”.
Nos trois associations vont demander aux parlementaires de l’Aveyron s’ils entendent voter pour ou contre cette proposition de loi et rendront bien évidemment publiques leurs réponses.